toire, région, culture elle s’inscrit...» insiste

Jean-Dominique Cornu.
Démontés, réparés, rénovés grâce aux

mains habiles et au savoir-faire d’artisans instal- lés entre la vallée de Joux, Porrentruy et Bien- ne*, ces mouvements ont ainsi permis la créa- tion d’une collection de garde-temps au look hyperclassique, tendance années 1950 et dé- sormais très en vogue. Vendus entre 11 500 et 20 000 francs, on y trouve un régulateur décliné en or rose (cinq pièces) et en acier (20 montres), un modèle dit Classique édité à 35 exemplaires (cinq en or rose, 30 en acier) ainsi que, mais plus chers, trois chronographes à monopoussoir fa- briqués sur la base d’un autre mouvement his- torique, un Valjoux 5.

[ Le plus difficile, à ce stade, c’est de convaincre les détaillants ]

L’amour de la belle horlogerie enfin. «Nous sommes des amateurs du produit bien fait, respectueux du fabriqué en Suisse et de la tradition, qui a malheureusement tendance à disparaître», rappellent les deux hommes. Leur atout? Ne pas dépendre de la marque pour vivre, chacun exerçant une autre activi- té professionnelle. Pour l’heure, pas de réseau de distribution proprement dit, mais «quelques contacts» et, surtout, le bouche à oreille et leur site internet.

D’ici à la fin de l’année, ils prévoient le lancement d’un quantième perpétuel, édi- té à sept exemplaires sur la base d’un mouve- ment Omega 716 Louis Brandt. Suivront «en 2010, voire en 2011», un chronographe bipous- soir, une répétition minutes et, enfin, une répé- tition à quart. Quant à proposer des
montres dotées de mouvements
d’aujourd’hui, ils n’excluent
rien, mais «il s’agirait
alors d’une stratégie
complémentaire exi-
geant une appro-
che totalement
différente, no-
tamment sur le
plan financier».
Et les deux amis
d’avouer pré-
férer mettre la
main sur d’autres
trésors cachés, d’autres
mouvements anciens.

RéVéLATION

Couple à la ville et au travail, Anouk Dan- the et Olivier Leu ont travaillé pour les gran-

des marques du secteur: AP, Hermès, Jaeger- LeCoultre, Omega, Renaud & Papi ou TAG Heuer. Montres, boutiques, points de vente, packaging, etc., ils se sont frottés à tous les as- pects du design horloger, et même au-delà. «A un certain moment, un peu lasse du monde horloger, j’ai bifurqué dans le marketing des vins suisses», confie Anouk Danthe. Mais, au fond et comme beaucoup, le couple caressait un rêve, créer sa propre marque, ses propres garde-temps.

C’est à l’été 2005 qu’ils franchissent le Rubicon. «Faute de mouvements disponibles, nous avons pris contact avec un horloger indé- pendant afin qu’il en développe un pour nous», se souviennent-ils. Mais, après deux ans et demi d’efforts, l’aventure tourne court. «Trois mois avant Baselworld 2008, tout s’est arrêté. Il fallut tout remettre à plat et trouver un nou- veau motoriste.»

Un an et demi plus tard et malgré la dé- térioration économique, le couple s’accroche. «Désormais et depuis quelques mois, notre mouvement fonctionne. Nous pouvons com- mencer à en parler, à le montrer, à élaborer no- tre stratégie marketing et commerciale et, ce n’est pas le moins ardu, fixer le prix...» Une approche toute en douceur, sans précipitation, compréhensible en ces temps difficiles, d’autant que, positionné dans le très haut de gamme «bien au-delà des 100 000 francs la montre», leur futur garde-temps va débarquer dans un marché surchargé.

prototype de montre Henri Duvoisin

prototype

Encore en phase de fiabilisation, le futur garde-temps de Révélation accueille un complexe système de disques en verres polarisés obscurcis- sant la vision du mouvement selon que la glace est relevée ou abaissée.

 

recto verso

Signé Henri Duvoisin et au classicisme revendiqué, chrono- graphe monopoussoir, produit sur la base d’un ancien calibre historique, réhabilité, le Valjoux 5.

 IMGIMG

première année: une douzaine de pièces, en ti- tane ou en ors jaune, rose et gris... k

*Michel Capt, Eric Furrer, William Béguelin, Bertrand Crevoisier www.louismoinet.com / www.henriduvoisin.com / www.revelation-watches.ch

L’industrie en chiffres

Séquence souvenirs... Au début des années 1970, l’industrie horlogère suisse emploie alors quelque 90 000 personnes, puis arrivent les crises du quartz et du pétrole. Les effectifs chutent.
En 1980, le secteur ne compte plus que 46 998 emplois. Il touche même le fond en 1987 (son plus bas niveau) avec 27 807 emplois. Puis, il relève la tête. Lentement d’abord (+3310 emplois entre 1987 et 1997) et en accélérant: + 20 183 emplois entre 1997 et 2008, dont 11 572 rien qu’entre 2005 et 2008*.
Fragmentée, horizontale avec un
vaste réseau de sous-traitants et de fournisseurs, l’horlogerie suisse frôle également la débâcle pour ce qui est du nombre d’entreprises recensées. Celui-ci passe en effet de quelque 1600 en 1970
à 861 en 1980, chutant même jusqu’à
534 en 1992. Car, on l’oublie souvent,
les structures verticales plus ou moins intégrées et au sein desquelles les montres sont entièrement réalisées par
la même entreprise ou le même groupe étaient alors et restent aujourd’hui minoritaires, en nombre bien sûr, pas en chiffre d’affaires évidemment. De 1996 à 2006, le nombre de maisons recensées
se stabilise. Il oscille entre 564 et 595 et repart à la hausse en 2007 et 2008 avec, respectivement, 627 et 629 maisons. Combien seront-elles à la fin de 2009? Combien d’emplois représenteront-elles? Les pronostics sont ouverts... k

*Source: Convention patronale de l’industrie horlogère suisse.

«Le plus difficile, confirme Anouk Dan- the, c’est de convaincre les détaillants. Mis dans la confidence, certains se disent intéressés, mais ils ont des problèmes de liquidités et hésitent à préacheter les pièces...» Or, financer la marque reste le nerf de la guerre. «Fort heureusement, nous ne sommes pas dans l’urgence, précise le couple. Nous ne dépendons pas exclusivement de Révélation pour vivre.» «Je continue d’avoir d’autres mandats», précise Olivier Leu.

Quant à leur garde-temps, au look classi- que, il cumule les innovations. Avec, d’une part, un audacieux et complexe système de disques en verres polarisés développés avec le CSEM de Bâle qui obscurcissent la montre quand la gla- ce supérieure est abaissée et «deviennent trans- parents» en pivotant lorsque, comme dans les montres à secret ou montres de poche, la glace supérieure est relevée grâce à une gâchette à 6h, laissant ainsi voir la deuxième complica- tion. A savoir: le calibre baptisé (brevet déposé) Tourbillon Manège et son innovant système de balancier (12 000 alt/heure, 2 herz) et d’échap-

pement construits sur un bras pivotant sur lui-même en une minute. «Par comparai- son avec un tourbillon normal, c’est com- me si nous avions agrandi la cage pour qu’elle occupe toute la place, tout le diamètre du mouvement (33 mm)», ex- plique Olivier Leu. Détail: pour contre- balancer et stabiliser le mouvement, un minilingot d’or gravé au nom de la mar-

que fait office de contrepoids.
Le couple se donne désormais le

temps de peaufiner son «bébé», de soigner les détails et les finitions, de valider la préci- sion de marche du calibre et d’affiner sa stra- tégie de lancement. «D’ici à Baselworld 2010, nous allons le présenter à qui de droit. Les pre- mières pièces devraient arriver sur le marché l’été prochain.» Production attendue pour la

Regis Colombo

DR

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